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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

faut qu’il ait avalé quelques garces ! » Mon grand-père, qui avait vécu à la cour de François Ier, jurait comme nos vieux seigneurs, et fit chorus avec les poissardes. Ces femmes moins étonnées de l’entendre parler, que pressées de riposter, lui dirent : « Voyez, ce niquedouille de trépassé, il est furieusement en gueule ! sais-tu, vilain, que je tenions tête à dix hommes, et que je nous f… d’un revenant, tu n’es bon à rien, je patientons de nos hommes, ils jurons, mais, dame, ils nous faisions plaisir, ils nous chatouillions où ça nous démange ; mais son boyau de chat, que ferions-nous avec… » — « Putains, maquerelles, dix millions de garces, dit mon grand-père, toi, tu as fait ton mari cornard ; toi, tu as vendu ton chien d’honneur pour une chopine au Gros Caillou ; toi, gueuse de Françoise, tu as porté le collier du pilori… » — « Ces chiens de défunts, dit la commère Manon, étions comme les gens d’église, ils décrions les honnêtes femmes de trafic par charité. » — Vierge de corps de garde, veux-tu te taire ? Tu as fait trois enfants avant de te marier. — Il vaut mieux, vieux pénard, faire trois enfants qu’un veau ; avec ton chien d’anchois, tu n’aurais pu faire un poil. » — « Ne vous fâchez pas, Monsieur le grand-père, dit une autre, vous êtes tout noir de colère ; Javotte, apporte un coup de rogomme à Monsieur, un bon verre de sacré-chien tout pur, ça lui fondra la rage qu’il avons dans le cœur. » — « Oui, dit Javotte, voilà une belle face de cul grillé ; si l’on avait de cette race, on pourrait jeter le père