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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

Xung. Phryné, Sapho, Julie, Cléopâtre, Hélène n’avaient jamais inspiré tant d’amour que ma belle compagne.

Un vieux président de Langres vint voir la momie, ébloui de la beauté de ma femme, il se sentit un homme nouveau, et la même nuit il donna à sa vieille moitié, des preuves de ses feux. La présidente, depuis dix-sept ans, n’avait eu ce cadeau. Une cure pareille fit du bruit ; Mme  la présidente étourdissait la ville de la vertu du bonze Dressant. « Oui, disait-elle, j’ai éprouvé la puissante intercession et les douces influences dans la personne usée de M. le président. Il m’a fait la politesse avec la chaleur de l’âge de vingt-cinq ans ».

Nous arrivâmes quinze jours après à Beaune. Les Beaunois, qui font les maisons, les clochers et les ponts de leur ville sur les lieux vinrent à la rencontre du merveilleux Dressant, avec la bannière et le magistrat à queue. Nous fûmes harangués par le plus ancien sénateur. Voici à peu près le compliment :

« La nouvelle charrue de M. Duhamel, et les brochures imaginées par l’esprit de nouveauté pour améliorer nos terres, ne produiront rien tant que nous aurons des bras engourdis dans les cloîtres, les chapitres et sur les bancs des écoles de théologie. La découverte du merveilleux Dressant sera plus utile à la culture des terres, des femmes et des filles… » Ici l’orateur aperçut Mme Xan-Xung, fut pétrifié à l’aspect de ses charmes et ne put achever sa