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Page:Dulaurens - Imirce, ou la Fille de la nature, 1922.djvu/306

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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

de campagne. Il n’y manquait que les effigies de la Rapierre et de Ragotin, pour achever de donner une idée de la pompe théâtrale de ces histrions.

Le Chapitre était orné d’une porte triomphale, décorée d’un cordon de burettes et de lavabo, qui faisaient un effet singulier. L’image du nouveau suffragant de Cologne[1] en découpures, rehaussait merveilleusement ce portrait.

Les notaires, les procureurs, les huissiers et les avocats composant la Cour de l’officialité firent exécuter un feu d’artifice. Le théâtre représentait le temple de la Justice. Thémis était au centre de l’édifice, entourée de cinquante plats d’étain[2], et ces plats figuraient les avocats composant la Cour de l’Officialité. Une balustrade garnie d’oies et de dindons, représentait de loin une mue à poulets, et rendait ce spectacle singulièrement pompeux ; le tout était superbement peint au balai par un Rubens du pays.

Une pluie, qui tomba pendant deux heures, déconomisa l’artifice, dont les talents de l’artiste et l’arrangement promettaient un spectacle brillant ; l’artificier ne fut point payé, à cause que le corps honnête des Avocats de Liége prétendait que cet homme devait avoir des emplâtres contre la pluie.

  1. Le Révérend Évêque de Liége est suffragant de Cologne. On lui donne généreusement dans le pays l’épithète d’Altesse.
  2. On avait mis exprès des plats. C’était une idée extravagante du peintre, M. Gérard, dont la méchante moitié tient des mauvais propos sur les honnêtes gens qu’elle ne connaît point.