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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

côtés, et qu’ils donnent à chaque de leurs rosbifs un tonneau vide, que le malade le roule du haut en bas, du bas en haut, dix fois le jour, cet exercice leur vaudra mieux que l’eau claire.

Spa est situé dans un bassin étroit entouré de marais, de montagnes assez hautes ; l’air resserré ne s’y renouvelle que lentement, et ce terrain bourbeux et humide ne peut être que funeste à la santé. Si les Anglais, si raisonneurs et si glorieux d’être conséquents, pesaient ces désavantages, ils iraient respirer l’air salutaire de la Touraine ; il leur en coûterait moins sur les bords charmants de Loire, où un peuple poli et élégant leur ferait les honneurs de la Nation ; ils n’auraient pas le spectacle effrayant des charbonniers liégeois et la mauvaise fumée de la houille, que l’Angleterre vient respirer une seconde fois dans le pays de Liége.

Nous vînmes à Liége, où nous restâmes deux mois ; nous tombâmes dans le temps des réjouissances qu’on faisait pour le nouveau Prince de Liége, qu’une cabale de chanoines avait préféré au Prince aimable de Saxe.

Ces fêtes annoncées avec éclat étaient des illuminations de nos villages de France. La Maison de Ville formait une décoration chinoise qui avait l’air d’une toilette de coquette. Ce colifichet fut admiré par des gens sans goût, et sifflé des connaisseurs. La façade du palais était ornée d’une foire de figures, qui égalait au moins les beautés du festin de Pierre, qu’étaient nos méchants comédiens