Aller au contenu

Page:Dulaurens - Imirce, ou la Fille de la nature, 1922.djvu/52

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
40
IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

dégradé en sortant de ce premier état, et son intelligence cédant à la matière plus que l’organisation et l’économie du tout l’exigeaient, a perdu par là la supériorité qu’elle avait naturellement.

Notre être a donc besoin de réparation pour être remis dans l’état qui lui était naturel, ou bien il perdra de plus en plus de cet état de perfection, en s’en éloignant jusqu’à devenir aussi imparfait que son être peut le devenir ; c’est être assuré de perdre de plus en plus, que d’avoir déjà perdu l’habitude au bien et la domination sur ses sensations.

Si Dieu avait anéanti l’homme au moment qu’il donna à ses sensations la supériorité sur son intelligence, et que Dieu eût fait après un autre homme également parfait au premier, Dieu aurait fait un ouvrage inutile ; c’est un prédicateur qui compose un bon sermon, l’efface pour en faire encore un bon ; en répétant le miracle de la création, Adam ou Pierre Second n’aurait-il pas agi comme Adam ou Pierre Ier ?

Dieu, qui n’a jamais voulu faire rien d’inutile et qui a vu l’abus que l’homme ferait du miracle de sa création en devenant défectueux, quoique sorti parfait de ses mains, devait opérer pour remettre les choses sur le même pied, un miracle de réparation supérieur à celui de la création même, au moyen duquel l’homme qui en profitera, sera nécessairement élevé à un état de perfection, plus élevé encore que celui de sa primitive perfection, dont il ne décherra jamais ; l’homme, au contraire, qui