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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

ajustée : dans cet état, on nous apprit à chercher notre pain vers un panier qui descendait de la voûte, et notre boisson vers un grand bassin, qu’on renouvelait trois fois le jour par un mécanisme qui nous était inconnu. Lorsqu’on nous vit capables de nous aider, on mêla un arcane à l’eau, qui nous endormit profondément.

Pendant ce sommeil, on nous ôta le bandeau ; à notre réveil, nous vîmes la lumière. Notre prison était éclairée par deux lucarnes ; elles donnaient un jour assez grand pour distinguer nettement les objets. Cette cave était de pierre, cerclée de fer, et le pavé de même.

Le plaisir de ce nouvel organe m’affecta gracieusement ; il fit le même effet sur mon compagnon. La faim nous aiguillonna ; nous cherchions en tâtant celui qui nous conduisait au panier, dont la grandeur nous avait toujours paru disproportionnée à la nôtre. Nous commencions déjà à crier, lorsqu’un panier descendit de la voûte. Cet objet nous fit peur, nous reculâmes vers les extrémités de la cave. La faim continuant à nous presser, le garçon plus hardi s’approcha du panier, prit un morceau de pain, m’appela avec transport : je courus au panier ; pendant notre faim nous avions découvert l’eau.

Le lendemain, le panier vint à la même heure ; nous sautâmes dessus avec l’avidité des poules, qui dévorent précipitamment le menu grain qu’une servante de basse-cour leur apporte. Notre enfance