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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

Ariste reprit ses habits ordinaires, je le trouvais assez ridicule dans cet accoutrement ; je ne pus m’empêcher de rire. Il avait une poche noire où il mettait des cheveux ; sa tête était chargée de poussière blanche ; je lui demandai ce que c’était que cette poussière blanche ? « De la farine, me dit-il, dont on fait le pain — Est-ce pour honorer le maître de la cave que tu mets de la poussière de pain sur tes cheveux ? — Non, c’est pour plaire aux dames. — Les femmes aiment donc les cheveux blancs ? — Au contraire, quand les hommes ont les cheveux blancs, elles n’en veulent plus. — Je ne t’entends point, tu ne raisonnes pas, tu mets de la poussière blanche sur tes cheveux pour les blanchir et pour plaire aux femmes, et puis tu me dis que les femmes n’aiment point les cheveux blancs ? » Il m’expliqua le changement que les années apportaient aux cheveux, et les différents âges de l’homme ; je vis que les dames avaient raison, et les vieillards très grand tort d’avoir les cheveux blancs : « Mais, dis-je à mon amant, je deviendrai donc vieille ? — Oui. — Ah tant pis, voilà un grand malheur de plus dans ta cave ! je le trouve plus effroyable pour une jolie femme, que la puanteur même. »

Le philosophe avait un bâton sous ses habits qui passait de gauche à droite : je demandai ce que signifiait cette broche noire qui barrait ainsi son derrière. — « C’est une épée, un instrument meurtrier, qui donne la puanteur. — Ô ! mon ami ! pour-