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LE MIRACLE DE LA FOI

solation. D’abord ce fut un Père irlandais qui officia. Maigre, long, simple, brave homme, il arrivait à notre petite ville chaque samedi soir, et, entre cinq et huit, installé dans un coin de la bibliothèque, il écoutait d’une oreille distraite et indulgente les récits que les prisonniers de races diverses lui faisaient.

Le lendemain matin devant un autel au grand air installé sur une petite estrade à l’abri du vent, autour d’une niche rudimentaire agrémentée d’un magnifique panneau exécuté par un des artistes internés, après avoir disposé les objets nécessaires à l’office, apportés dans une petite valise, le prêtre disait la messe et ajoutait à la fin quelques mots en guise de sermon. Ces courtes allocutions se rapportaient bien entendu à la Foi. Mais elles étaient écoutées attentivement par certains fidèles comme si elles devaient contenir je ne sais quel double sens caché. Ce ne fut qu’à la longue qu’ils comprirent que le bon père ne pouvait se départir de son rôle spirituel et que, d’aucune manière et sous aucun prétexte, il pouvait s’ingérer dans le séculier.

Cette attitude fut strictement et rigoureusement observée par tous les autres aumôniers militaires qui vinrent par la suite au camp.

Un matin, grand bouleversement parmi les Italiens. On apprend que dans une nouvelle « fournée » d’internés arrivée de Montréal, outre le maire de la métropole, il y avait un prêtre italien. De taille forte, râblé, la figure souriante et épanouie, ce prélat qui possède une âme d’ascète et dont l’esprit de sacrifice ne connait pas de bornes,