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NOCTURNE

guerre ! Il y aura des Canadiens internés en Italie. Il est naturel qu’il y ait des Italiens internés au Canada ! »

On arriva ainsi au lundi 10 juin.

Deux ou trois jours auparavant, le président Roosevelt avait prononcé un discours qui semblait un dernier avertissement à Mussolini. Au cours de la journée du dimanche 9, les troupes allemandes avaient fait des progrès importants vers Paris. Les derniers « journaux parlés » de la nuit, aux postes radiophoniques, laissaient prévoir comme imminente une décision de l’Italie. Pendant la matinée du lundi, les derniers espoirs s’évanouissaient un à un. À midi, l’irréparable était accompli !

Dans un geste de folie, le Gouvernement de Rome venait de déclarer la guerre à la France et à la Grande-Bretagne. Le sort en était jeté.

À Montréal, commença la rafle

Ceux qui étaient désignés devaient être arrêtés. Et ils le furent tous.

Après avoir été détenus pendant deux nuits et un jour dans les grandes cellules de la prison de la Sûreté provinciale, le mercredi 12, nous fûmes transportés dans des autobus escortés d’hommes armés à quelques milles de Montréal. Pendant dix-huit jours, nous restâmes là, soigneusement surveillés et bien nourris. Enfin, hier matin, on nous divisa en deux groupes. Le premier fut envoyé à une prison et l’autre, celui dont je faisais partie, fut placé dans un train spécial qui se dirigea à toute vitesse vers une destination inconnue.