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« LIBERTÉ, LIBERTÉ CHÉRIE »

Un homme nouveau est né en moi. Et, tout compte fait, je le dis sans forfanterie, l’épreuve que je viens de subir m’a été salutaire.

Faisons un petit bilan.

Cette mesure de l’internement prise contre un certain nombre de sujets ennemis, ou de citoyens canadiens originaires de pays ennemis, était, je le répète, pleinement justifiée au moment où elle fut prise. En effet, quand la guerre éclate, que se passe-t-il ? Dans tous les pays belligérants, on interne les civils ressortissants des pays ennemis. En Allemagne et en Italie, on a mis dans des camps de concentration des sujets français et britanniques. En France et dans les pays britanniques, on a fait de même avec les Allemands et les Italiens.

Ce n’est peut-être pas très drôle pour les internés, mais c’est la règle du jeu. D’après cette règle générale, on prend des hommes considérés, à tort ou à raison, comme « pouvant être dangereux », on les sépare brusquement de leurs familles et on les isole. C’est peut-être là le côté le plus douloureux de l’affaire. Il faut souhaiter que demain, dans un monde apaisé, dans l’éventualité d’une autre guerre, la Société des Nations, ou tout autre organisme du même ordre, prenne l’initiative d’adopter une convention internationale qui complétera ou améliorera celle qui existe actuellement depuis le 27 juillet 1929. Veut-on se prémunir contre un danger possible ? Parfait ! Qu’on prenne les étrangers suspects avec leurs familles, qu’on les enferme dans un petit village dont la surveillance est facile, qu’on les empêche de communiquer avec le monde