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Page:Duliani - La ville sans femmes, 1945.djvu/314

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LA VILLE SANS FEMMES

tre ; mais il était si incapable de s’aider que les Allemands ont été obligés d’interner sa mère avec lui.

« Étaient aussi internés une femme et son fils infirme, arrêté parce que d’âge militaire. Le froid s’aggravait, les prisonniers ont recouru aux moyens extrêmes pour se chauffer. Ils employaient tout ce qui pouvait brûler, arrachaient même les cloisons ; mais les fenêtres brisées empêchaient de réchauffer la caserne.

Le commandant a plusieurs fois convoqué M. de Martigny et lui a demandé s’il était français ou canadien. « Il me disait que si je me déclarais Français mais non sujet britannique, je pourrais être libéré. Le commandant me parlait longuement des mauvais traitements infligés au Canada par les Britanniques, aux Canadiens français par les Canadiens anglais.

« J’ai fini par lui dire : Monsieur je porte un nom français et je parle anglais avec un accent français, mais ma famille est canadienne depuis 4 siècles et britannique depuis 2 presque. Le nom de Martigny est un des plus nobles et des plus célèbres du Canada français ; il n’y a jamais eu de traître chez nous. Mon cœur bat sans cesse pour la Grande-Bretagne. »

À tout événement M. de Martigny devait bientôt être libéré. Le froid, la mauvaise nourriture, les mauvais traitements et les privations. « Un jour le commandant m’a appelé et m’a annoncé qu’il nous libérait, ma femme et moi. Il m’a dit le plus brutalement possible que, comme j’étais malade et pouvais mourir d’un jour à l’autre, il