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ANNEXE

croyait pouvoir me libérer sans danger. La ville de Paris pouvait m’enterrer et épargner ce soin à ses hommes.

« Le commandant me dit que le Führer regardait un journaliste comme plus nuisible qu’un bataillon, parce qu’un reporter est formé à l’observation et à l’habitude de tirer des plans pour publier ses informations. Il m’a prévenu de ne jamais parler l’anglais, de ne jamais écrire ni recevoir de lettres, de ne jamais discuter la guerre avec mes amis, de ne jamais être vu avec les gens de langue anglaise laissés en liberté, de me retirer chez moi à la nuit ; il m’a enfin prévenu que je serais fusillé si j’étais arrêté dans la rue pendant un raid aérien. »

Et M. Ross Harkness conclut :

« En dépit de ces avertissements, M. de Martigny a réussi à sortir son journal du camp, en cachette. Rentrés à Paris, sa femme et lui ont constaté qu’un colonel allemand habitait leur appartement, et que tous leurs biens étaient réquisitionnés, M. Henri Beau a appris leur détresse et leur a fait savoir où ils trouveraient la clef de son atelier, où ils ont vécu jusqu’à la libération de Paris. »


VI

Le très révérend Père franciscain Adélard Berthold, Canadien qui était professeur dans un collège de Corse, fut arrêté en même temps que dix-huit Corses en 1942 et, après un séjour forcé dans une résidence, il fut, avec ses camarades, conduit en 1943 au camp de Pontenuovo, en Corse, gardé par des Italiens. Le rév. Père y a été mal traité. Les internés logeaient dans une écurie, sans confort,