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Page:Dumarsais - Œuvres, t6, 1797.djvu/37

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science des faits ; il aime à s’instruire des détails et de tout ce qui ne se devine point. Ainsi il regarde comme une maxime très-opposée au progrès des lumières de l’esprit, que de se borner à la seule méditation, et de croire que l’homme ne tire la vérité que de son propre fonds. Certains métaphysiciens disent : évitez les impressions des sens, laissez aux historiens la connoissance des faits, et celle des langues aux grammairiens. Nos philosophes, au contraire, persuadés que toutes nos connoissances nous viennent des sens, que nous ne nous sommes fait des règles que sur l’uniformité des impressions sensibles, que nous sommes au bout de nos lumières, quand nos sens ne sont ni assez liés, ni assez forts pour nous en fournir ; convaincus que la source de nos connoissances est entièrement hors de nous, ils nous exhortent à faire une ample provision d’idées en nous livrant aux impressions extérieures des objets, mais en nous y livrant en disciple qui consulte et qui écoute, et en maître qui décide et qui impose silence ; ils veulent que nous étudions l’impression précise que chaque objet fait en nous, et que nous évitions de la confondre avec celles qu’un autre objet a causées.

De-là, la certitude et les bornes des connoissances humaines : certitude, quand on sent que l’on a reçu du dehors l’impression propre et précise que chaque jugement suppose ; car tout jugement suppose une impression extérieure qui lui est particulière : bornes, quand on ne sauroit recevoir de impressions ou par la nature de l’objet, ou par la foiblesse de nos organes ; augmentez, s’il est possible, la puissance des