Page:Dumarsais - Œuvres, t6, 1797.djvu/48

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de leur donner, sont contraires à tout ce qui peut rendre un empire heureux et florissant.

L’entendement que l’on captive sous le joug de la foi devient incapable des grandes vues que demande le gouvernement, et qui sont si nécessaires pour les emplois publics. On fait croire aux superstitieux que c’est un être suprême qui l’a élevé au-dessus des autres : c’est vers cet être, et non vers le public, que se tourne sa reconnoissance.

Séduit par l’autorité que lui donne son état, et à laquelle les autres hommes ont bien voulu se soumettre pour établir entr’eux un ordre certain, il se persuade aisément qu’il n’est dans l’élévation que pour son propre bonheur, et non pour travailler au bonheur des autres. Il se regarde comme la fin dernière de la dignité, qui, dans le fond, n’a d’autre objet que le bien de la république et des particuliers qui la composent.

J’entrerois volontiers ici dans un bien plus grand détail, mais on sent assez combien la république doit tirer plus d’utilité de ceux qui, élevés aux grandes places, sont pleins des idées de l’ordre et du bien public, et de tout ce qui s’appelle humanité ; et il seroit à souhaiter qu’on en pût exclure tous ceux qui, par le caractère de leur esprit, ou par leur mauvaise éducation, sont remplis d’autres sentimens.

[1] Le philosophe est donc un honnête homme qui agit en tout par raison, et qui joint à un esprit de réflexion et de justesse, les mœurs et les qualités sociables.

  1. Définition du philosophe.