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ASCANIO.

s’était passé, il tenait toujours Ascanio dans ses bras, il lui avait ôté sa cotte de mailles, il lui avait déchiré son pourpoint, et il était enfin arrivé à la blessure, dont il étanchait le sang avec son mouchoir.

— Mon Ascanio, mon enfant, répétait-il sans cesse, blessé, blessé par moi ! que doit dire ta mère là-haut ? Pardon, Stefana, pardon. Tu souffres ? réponds : Est-ce que ma main te fait mal ? Ce sang ne veut-il donc pas s’arrêter ? Un chirurgien, vite !… Quelqu’un n’ira-t-il donc pas me chercher un chirurgien ?

Jacques Aubry sortit en courant.

— Ce n’est rien, mon cher maître, ce n’est rien, répondit Ascanio, le bras seul a été touché. — Ne vous désolez pas ainsi, je vous répète que ce n’est rien.

En effet, le chirurgien, amené cinq minutes après par Jacques Aubry, déclara que la blessure, quoique profonde, n’était pas dangereuse et commença de poser le premier appareil.

— Oh ! de quel poids vous me déchargez le cœur, monsieur le chirurgien ! dit Benvenuto Cellini. — Mon cher enfant, je ne serai donc pas ton meurtrier ! Mais qu’as-tu donc, mon Ascanio ? ton pouls bat, le sang te monte au visage… Oh ! monsieur le chirurgien, il faut le transporter hors d’ici, c’est la fièvre qui le prend.

— Non, non, maître, dit Ascanio, au contraire, je me sens bien mieux. Oh ! laissez-moi, laissez-moi ici, je vous en supplie.

— Et mon père ? dit tout à coup derrière Benvenuto une voix qui le fit tressaillir ; qu’avez-vous fait de mon père ? Benvenuto se retourna et vit Colombe pâle et immobile,