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Page:Dumas, Ascanio, 1860.djvu/298

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ASCANIO.

tion d’outils de sculpteur, formaient tout l’ameublement de la chambre.

— Qu’est-ce que tu veux, petit serpent ? qu’est-ce que tu viens faire ici ? Pour Dieu ! tu me poursuivras donc jusqu’en enfer ! s’était écrié Benvenuto à la vue de Catherine.

— Hélas ! maître, dit Scozzone en faisant sa plus douce voix, je vous assure que je ne suis pas un serpent. J’avoue que pour ne pas vous quitter, je vous suivrais volontiers, s’il le fallait, jusqu’en enfer, et je viens ici parce que c’est le seul endroit où l’on puisse vous parler en secret.

— Eh bien ! dépêche ! qu’as-tu à me dire ?

— Oh ! mon Dieu ! Benvenuto, dit Scozzone apercevant la statue ébauchée, quelle admirable figure ! C’est votre Hébé. Je ne la croyais pas aussi avancée ; qu’elle est belle !

— N’est-ce pas ? fit Benvenuto.

— Oh ! oui, bien belle, et je conçois que vous n’ayez pas voulu me faire poser pour cette nature-là. Mais qui donc vous a servi de modèle ? continua Scozzone inquiète. Je n’ai vu entrer ni sortir aucune femme.

— Tais-toi. Voyons, chère petite, ce n’est pas assurément pour parler sculpture que tu es venue.

— Non, maître, c’est à propos de notre Pagolo. Eh bien ! je vous ai obéi, Benvenuto. Il a profité de votre absence, hier au soir, pour m’entretenir de son éternel amour, et selon vos ordres, je l’ai écouté jusqu’au bout.

— Ah ! oui-da ! le traître ! Et qu’est-ce qu’il te disait ?

— Ah ! il est à mourir de rire, et je voudrais pour je ne sais quoi que vous eussiez été là. Notez que pour ne laisser prise à aucun soupçon, il achevait, tout en me parlant,