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ASCANIO.

En apercevant Cellini, Pompeo lui fit de la main le geste le plus tendrement amical qu’il ait jamais fait à personne.

— Ah ! fit Cellini, c’est vous, mon cher Pompeo. Ma foi ! j’ai manqué cette nuit faire payer cher à un drôle l’insolence qu’il avait eue de prendre votre nom.

— Vraiment, dit Pompeo en s’efforçant de sourire et en s’approchant peu à peu de sa boutique, et comment cela ?

Benvenuto raconta alors au messager de Sa Sainteté ce qui s’était passé ; mais comme dans le dialogue nocturne son ami Benvenuto l’avait traité de lâche, il n’osa avouer que c’était à lui en personne que Benvenuto avait eu affaire. Puis, ce récit achevé, Cellini demanda à Pompeo quelle heureuse circonstance lui valait si matin l’honneur de son aimable visite.

Alors Pompeo s’acquitta, mais dans d’autres termes, bien entendu, de la commission dont Clément VII l’avait chargé près de son orfèvre.

À mesure qu’il parlait, la figure de Benvenuto Cellini s’épanouissait. Clément VII cédait donc. L’orfèvre avait été plus entêté que le pape ; puis, quand il eut fini son discours :

— Répondez à Sa Sainteté, dit Benvenuto, que je serai heureux de lui obéir et de faire tout au monde pour regagner ses bonnes grâce ? que j’ai perdues, non par ma faute, mais par la méchanceté des envieux. Quant à vous, monsieur Pompeo, comme le pape ne manque pas de domestiques, je vous engage, dans votre intérêt, à me faire envoyer à l’avenir un autre valet que vous ; pour votre santé, monsieur Pompeo, ne vous mêlez plus de ce qui me regarde ; par pitié pour vous, ne vous rencontrez jamais sur