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ASCANIO.

Il lui mit la main sur la sienne, et repoussant au fourreau l’épée d’Ascanio à demi-tirée, il continua son chemin comme s’il n’avait rien vu, ou comme si ce qu’il avait vu ne l’avait aucunement blessé. Ascanio ne reconnaissait pas là son maître, mais comme son maître se retirait, il se retira avec lui,

Pompeo, triomphant, fit une profonde salutation à Benvenuto, et continua son chemin toujours environné de ses sbires, qui imitèrent ses bravades.

Benvenuto se mordait, en dedans, les lèvres jusqu’au sang, mais au dehors il avait l’air de sourire. C’était à n’y plus rien comprendre pour quiconque connaissait le caractère irascible de l’illustre orfévre.

Mais à peine eut-il fait cent pas que, se trouvant en face de la boutique d’un de ses confrères, il entra chez lui sous prétexte de voir un vase antique qu’on venait de retrouver dans les tombeaux étrusques de Corneto, ordonnant à ses deux élèves de suivre leur chemin, et leur promettant de les rejoindre dans quelques minutes à la boutique.

Comme on le comprend bien, ce n’était qu’un prétexte pour éloigner Ascanio, car à peine eut-il pensé que le jeune homme et son compagnon, dont il s’inquiétait moins attendu qu’il était sûr que son courage ne l’emporterait pas trop loin, avaient tourné l’angle de la rue, que, reposant le vase sur la planche où il l’avait trouvé, il s’élança hors de la maison.

En trois bonds Benvenuto fut dans la rue où il avait rencontré Pompeo ; mais Pompeo n’y était plus : heureusement ou plutôt malheureusement c’était chose remarquable que cet homme entouré de ses douze sbires ; aussi, lorsque Benvenuto demanda où il était passé, la première per-