de faire le collier) pouvaient et devaient, dans cette époque d’art, aplanir bien des choses. Ascanio avait vu des grands-ducs, des rois et des papes, près de vendre leur couronne, leur sceptre ou leur titre, pour acheter un de ces merveilleux bijoux qui sortaient des mains de son maître. C’était donc, au bout du compte, messire Robert qui, en supposant que les choses s’arrangeassent ainsi, serait encore redevable à maître Benvenuto, — car maître Benvenuto était si généreux que si messire d’Estourville faisait les choses galamment, Ascanio en était certain, maître Benvenuto ferait les choses royalement.
Arrivé au bout de la rue Saint-Martin, Ascanio se regardait donc comme un messager de paix élu par le Seigneur pour maintenir l’harmonie entre deux puissances.
Cependant, malgré cette conviction, Ascanio, qui n’était pas fâché, — les amoureux sont des êtres bien étranges, — d’allonger sa route d’une dizaine de minutes, au lieu de traverser la Seine en bateau, remonta le long du quai, et passa la rivière au pont aux Moulins. Peut-être aussi avait-il pris ce chemin parce c’était celui qu’il avait fait la veille en suivant Colombe.
Quelle que soit, au reste, la cause qui lui avait fait prendre ce détour, il n’en était pas moins, au bout de vingt minutes à peu près, en face de l’hôtel de Nesle.
Mais arrivé là, et lorsqu’il vit la petite porte ogive qu’il lui fallait traverser, lorsqu’il aperçut le charmant petit palais gothique qui élançait ses hardis clochetons au dessus du mur, lorsqu’il pensa que derrière ces jalousies à moitié fermées à cause de la chaleur était sa belle Colombe, tout cet échafaudage de riches rêveries bâti dans ce chemin s’évanouit comme ces édifices que l’on voit dans les nuages