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Page:Dumas, Ascanio, 1860.djvu/96

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ASCANIO.

et que le vent renverse d’un coup d’aile : il se retrouva face à face avec la réalité, et la réalité ne lui parut pas des plus rassurantes.

Cependant, après une pause de quelques minutes, pause d’autant plus étrange que par le grand soleil qu’il faisait il était absolument seul sur le quai, Ascanio comprit qu’il fallait prendre un parti quelconque. Or, il n’y avait d’autre partie prendre que d’entrer à l’hôtel. Il s’avança donc jusque sur le seuil et souleva le marteau. Mais Dieu sait quand il l’eût laissé retomber, si à ce moment même et par hasard la porte ne se fût ouverte, et s’il ne se fût trouvé face à face avec une espèce de maître Jacques d’une trentaine d’années, moitié valet, moitié paysan. C’était le jardinier de messire d’Estourville.

Ascanio et le jardinier reculèrent chacun de son côté.

— Que voulez-vous ? dit le jardinier, que demandez-vous ?

Ascanio, forcé d’aller en avant, rappela tout son courage et répondit bravement :

— Je demande à visiter l’hôtel.

— Comment, visiter l’hôtel ! s’écria le jardinier stupéfait, et au nom de qui ?

— Au nom du roi ! répondit Ascanio.

— Au nom du roi ! s’écria le jardinier. Jésus Dieu ! est-ce que le roi voudrait nous le reprendre ?

— Peut-être ! répondit Ascanio.

— Mais qu’est-ce que cela signifie ?

— Vous comprenez, mon ami, dit Ascanio avec un aplomb dont il se sut gré à lui-même, que je n’ai pas de compte à vous rendre ?

— C’est juste. À qui voulez-vous parler ?

— Mais, monsieur le prévôt y est-il ? demanda Asca-