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ASCANIO.

— Que nous dit-il donc, ce butor de Raimbault ? s’écria la digne duègne. Avez-vous entendu, Colombe ? Puis, comme Colombe ne répondait pas : Que demandez-vous céans, mon jeune maître ? continua-t-elle en faisant quelques pas vers Ascanio. Mais, Dieu me pardonne ! s’écria-t-elle tout-à-coup en reconnaissant celui à qui elle avait affaire, c’est ce gentil cavalier qui, ces trois derniers dimanches, m’a si galamment offert de l’eau bénite à la porte de l’église ! Que vous plaît-il, mon bel ami ?

— Je voudrais vous parler, balbutia Ascanio.

— À moi seule ? demanda en minaudant dame Perrine.

— À vous… seule…

Et Ascanio, en répondant ainsi, se disait à lui-même qu’il était affreusement niais.

— Alors, venez par ici, jeune homme ; venez, dit dame Perrine en ouvrant une porte latérale et en faisant signe à Ascanio de la suivre.

Ascanio la suivit, mais en la suivant, il jeta sur Colombe un de ces longs regards dans lesquels les amoureux savent mettre tant de choses, et qui, si prolixes et si inintelligibles qu’ils soient pour les indifférens, finissent toujours par être compris par la personne à qui ils sont adressés. Sans doute Colombe ne perdit pas un mot de sa signification, car ses yeux, sans qu’elle sut comment, ayant rencontré ceux du jeune homme, elle rougit prodigieusement, et comme elle se sentit rougir, elle baissa les yeux sur sa tapisserie et se mit à estropier une pauvre fleur qui n’en pouvait mais. Ascanio vit cette rougeur, et s’arrêtant tout à coup, il fit un pas vers Colombe, mais en ce moment dame Perrine se retourna et appela le jeune homme, qui fut forcé de la suivre. À peine eut-il passé le seuil de la