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Page:Dumas, Ascanio, t2, 1860.djvu/340

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ASCANIO.

laissé aller à de tels soupçons si je n’avais pas eu les preuves.

— Alors, donnez-les à l’instant même, puisque vous les avez, dit le roi.

— Quand je dis que je les ai, je me trompe : c’était Votre Majesté qui les avait tout à l’heure.

— Moi ! s’écria le roi.

— Et c’est madame de Poitiers qui les a maintenant.

— Moi ! s’écria Diane.

— Oui, reprit Benvenuto qui, entre la colère du roi et les haines et les terreurs des deux plus grandes dames du monde, conservait tout son sang-froid et toute son aisance. Oui, car les preuves sont dans ce lis.

— Dans ce lis ! — s’écria le roi en reprenant la fleur des mains de Diane de Poitiers, et en retournant le bijou avec une attention à laquelle cette fois l’amour de l’art n’avait aucune part. — Dans ce lis ?

— Oui, sire, dans ce lis, reprit Benvenuto. Vous savez qu’elles y sont, madame, continua-t-il d’un ton significatif en se tournant vers la duchesse haletante.

— Transigeons, dit la duchesse. Colombe n’épousera point d’Orbec.

— Ce n’est point assez, murmura Cellini ; il faut qu’Ascanio épouse Colombe.

— Jamais ! fit madame d’Etampes.

Cependant le roi retournait dans ses doigts le lis fatal avec une anxiété et une colère d’autant plus douloureuses qu’il n’osait les exprimer ouvertement.

— Les preuves sont dans ce lis ! dans ce lis ! répétait-il ; mais je n’y vois rien dans ce lis.