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ans, mangeait à son souper dix livres de viande, douze pains d’une livre chacun, et arrosait le tout de six bouteilles de vin.

Une autre femme grecque, du nom d’Alis, provoquait les hommes à des défis de table, et, pas une fois, elle ne fut battue par les plus grands mangeurs du temps.

Théodoret raconte qu’une femme de Syrie, pays où l’on ne vit guère que de poules, mangeait tous les jours trente poules et vingt pains, sans pouvoir se rassasier.

Le comédien Thangon mangea, devant l’empereur Aurélien, un sanglier, un mouton, un jeune porc et un cochon de lait ; il mangea de plus cent pains et but une barrique de vin pouvant contenir cent bouteilles de notre époque.

L’empereur Claudius Albinus mangea, un jour, à son déjeuner, cinq cents figues, cent pêches, dix melons, cent becfigues, quatre douzaines d’huîtres et dix livres de raisin.

L’empereur Maximin mangeait, chaque jour, quarante livres de viande, buvait quatre-vingts pintes de vin. Il avait huit pieds de haut, il est vrai, et était gros à l’avenant : les bracelets de sa femme lui servaient de bagues, et sa ceinture de bracelet.

Athènes, avec ses vins sucrés, ses fruits, ses fleurs, ses pâtisseries, ses desserts, qui étouffaient le dîner, n’eut jamais ce que les Romains appelèrent la grande cuisine.

Rome mangea mieux, et surtout plus substantiellement qu’Athènes : ce qui ne l’empêcha pas, chose bizarre, d’avoir autant d’esprit qu’elle.

Ses premiers cuisiniers furent grecs ; mais, vers la fin de la République, aux temps de Sylla, de Pompée, de Lucullus et de César, la cuisine romaine prit son développement, et surtout atteignit toute sa délicatesse.

Tous ces ravageurs du monde, qui allaient porter le nom et les fers de Rome au nord, au midi, à l’orient et à l’occident, emmenaient avec eux leurs cuisiniers ; et ceux-ci rapportaient