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Page:Dumas.- Grand dictionnaire de cuisine, 1873.djvu/38

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Les vins de Corinthe, les vins de Samos, les vins de Chios et de Ténédos arrosèrent cet art naissant de la conversation.

Ces vins sucrés grisaient délicieusement les Grecs, et, au dessert, les entraînaient vers ce monde dont Cnide, Paphos et Cythère étaient les capitales.

C’est à cet entraînement, c’est à ces beaux et à ces belles esclaves, à qui il était défendu de rien refuser aux convives, que l’on doit, selon toute probabilité du moins, la substitution du lit aux chaises et aux bancs.

D’ailleurs, d’autres que ces esclaves assistaient encore à ces festins. Tout au contraire des Anglais, qui font sortir les femmes au dessert, c’était au dessert qu’entraient en souveraines, à Athènes et à Corinthe, ces belles courtisanes : Aspasie, Laïs, Phryné.

À Corinthe, elles étaient si riches, qu’après la destruction de la ville elles offrirent, sous certaines conditions, de la rebâtir à leurs frais.

Polybe parle d’un citoyen d’Athènes, Archétraste, que le marquis de Cussy compare au grand artiste en cuisine contemporaine que l’on nomme Carême.

Archétraste fit non-seulement beaucoup de théorie culinaire, mais il appliqua son génie à l’exécution.

Il avait parcouru à pied les contrées les plus fertiles du monde, pour voir de près les produits des différentes latitudes.

Il en avait rapporté à Athènes toutes les possibilités culinaires du temps.

La nature l’avait doué d’un appétit d’enfer, d’un estomac d’acier et d’un inépuisable esprit.

Il mangeait énormément et digérait vite.

Et cependant il demeura si maigre, que, au dire toujours de Polybe, on voyait une lumière au travers de son corps.

L’histoire nomme quelques élus et même quelques élues qui jouissaient du même privilége, grâce à leur maladie, la boulimie.

La comédienne Aglaïs, il y a environ deux mille trois cents