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Page:Dumas.- Grand dictionnaire de cuisine, 1873.djvu/45

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— À celle que Dieu veut punir. »

C’est enfin Attila : que sa mission appelle dans les Gaules ; dont le camp, chaque fois qu’il s’arrête, couvre un espace de trois milles ; qui fait veiller un roi captif à la porte de chacun de ses généraux et un de ses généraux à sa tente ; qui, dédaigneux des vases d’or et d’argent de la Grèce, mange des chairs saignantes dans des assiettes de bois.

Il s’avance et couvre de son armée les pacages du Danube. Une biche lui montre le chemin à travers les Palus Méotides et disparaît. Il passe comme un torrent sur l’empire d’Orient, enjambe avec dédain Rome déjà ruinée par Alaric, puis enfin met le pied sur cette terre qui est aujourd’hui la France : et deux villes seulement, Troyes et Paris, restent debout.

Chaque jour le sang rougit la terre, chaque nuit l’incendie rougit le ciel. Les enfants sont suspendus aux arbres par le nerf de la cuisse et abandonnés aux oiseaux de proie. Les jeunes filles sont étendues en travers des ornières, et des chariots chargés passent sur elles ; les vieillards sont attachés au cou des chevaux, et les chevaux aiguillonnés les emportent avec eux. Cinq cents villes brûlées marquent le passage du roi des Huns à travers le monde ; le désert s’étend à sa suite, comme son tributaire ; l’herbe même ne croît plus, dit l’exterminateur, partout où a passé le cheval d’Attila.

Tout est extraordinaire dans les envoyés de ces vengeances célestes : naissance, vie et mort.

Alaric, prêt à s’embarquer pour la Sicile, meurt à Cosenza. Alors ses soldats, à l’aide d’une troupe de captifs, détournent le cours du Buzento, leur font creuser une fosse pour leur chef au milieu de son lit desséché, y jettent sous lui, autour de lui, sur lui, de l’or, des pierreries, des étoffes précieuses ; puis, quand la fosse est comblée, ils ramènent les eaux du Buzento dans leur lit ; le fleuve passe sur le tombeau ; et, sur les bords du fleuve, ils égorgent jusqu’au dernier des esclaves qui ont servi à l’œuvre funéraire, afin que le mystère de la tombe reste un secret entre eux et les morts.

Quinze cents ans après cet événement, je traversais la Calabre au milieu du tremblement de terre qui venait de la secouer