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Page:Dumas.- Grand dictionnaire de cuisine, 1873.djvu/49

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Les serviettes ne furent en usage que quarante ans après et sous le règne suivant.

Les Celtes, nos premiers ancêtres, essuyaient leurs doigts aux bottes de foin qui leur servaient de siéges. Les Spartiates mettaient à côté de chaque convive un morceau de mie de pain destiné au même usage. Avant les premières serviettes de toile, qui furent faites à Reims, on s’essuyait les doigts avec des tissus de laine qui n’étaient ni neufs, ni blanchis de la veille.

En 1792, lors des voyages de lord Macartney, les Chinois ne se servaient encore que de deux petits morceaux de bois pour envoyer la nourriture dans leur bouche. La cuiller et la fourchette furent à peu près bannies de France jusqu’au XVIe siècle, et leur usage ne devint commun qu’au siècle dernier.

Saint Pierre Damien raconte avec horreur que la sœur de Romain Argile, épouse d’un des fils de Pierre Orseléolo, doge de Venise, au lieu de manger avec ses doigts, employait des fourchettes et des cuillers dorées pour porter à sa bouche les aliments, ce qu’il regarde comme l’effet d’un luxe insensé qui appela le courroux céleste sur sa tête et sur celle de son époux. Tous deux en effet moururent de la peste.

Les couteaux avaient de longtemps précédé les fourchettes, dans la nécessité où l’on était de dépecer les viandes que l’on ne pouvait déchirer avec les doigts.

Quant aux verres, ils étaient connus des Romains, comme le prouve l’histoire de Pollion que nous venons de rapporter. Aujourd’hui les curieux et les voyageurs qui visitent Pompéi peuvent s’assurer que l’emploi du verre était même assez commun chez eux. Mais, après l’invasion des barbares, il ne fut plus connu que par tradition.

Vers le Xe ou XIe siècle avant Jésus-Christ, plusieurs marchands de nitre traversant la Phénicie voulurent faire cuire leur dîner au bord du fleuve Bellus ; ne trouvant pas de pierres à leur portée, ils les remplacèrent par des morceaux de nitre ; la matière s’embrasa, se fondit avec le sable, et forma de petits ruisseaux d’une liqueur transparente qui, s’étant figée à quelques pas de là, indiqua la manière de faire le verre.

Quelques auteurs prétendent qu’il fut inventé sous le règne