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Page:Dumas.- Grand dictionnaire de cuisine, 1873.djvu/77

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Il y arriva le 20 mars, le même jour que Napoléon. Il avait été préfet du palais. Le 21, Napoléon le retrouva à son poste.

On sait que ce dernier règne de Napoléon ne dura que trois mois. Après Waterloo, M. de Cussy se trouva plus compromis que jamais ; par M. de Lauriston il obtint une petite place.

Louis XVIII, sachant que M. de Cussy avait été préfet du palais sous l’empire, refusait à M. de Lauriston ; mais lorsqu’il sut que c’était M. de Cussy qui, le premier, avait trouvé le mélange de la fraise, de la crème et du vin de Champagne, toutes les difficultés furent aplanies, et il écrivit de sa main royale au-dessous de la demande : Accordée.

Nous le vîmes alors atteindre à la vieillesse sans que rien parût dérangé dans sa fortune, car ni la sérénité de son front, ni la limpidité de son caractère n’avaient changé.

L’estomac ni l’esprit de M. de Cussy n’ont jamais bronché ; personne ne causait mieux que lui de tout ce qu’il avait vu, de tout ce qu’il avait entendu, de tout ce qu’il avait appris.

Les autres gastronomes de l’époque, ceux avec lesquels et dans lesquels s’éteignit peu à peu la gastronomie, étaient le comte d’Aigrefeuille, M. de Cobentzel, longtemps ambassadeur à Paris, inventeur d’un entremets nommé le Koukoff Camerani, le savant médecin Gastaldi, le musicien Paer et le banquier Hoope.

La gastronomie était déjà tellement malade à cette époque, que le retour au trône d’un roi gastronome ne put faire grand’chose pour elle. Louis XVIII revint, et si l’on veut se faire une idée de la différence qu’il y avait de sa table avec celle de son prédécesseur, à qui six plats suffisaient, nous mettrons sous les yeux de nos lecteurs le menu du premier dîner qui lui fut donné à son arrivée à Compiègne.