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Page:Dumas.- Grand dictionnaire de cuisine, 1873.djvu/787

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oignon.

lui acheta-t-on le même jour tous ses oignons, et le soir fut-il tout entier employé à le porter en triomphe.

À partir de ce moment, les oignons français eurent conquis leur droit de bourgeoisie en Angleterre.

Ragoût d’oignons. — Faites cuire des oignons sous la braise, dans des cendres chaudes ; quand ils sont cuits, pelez-les proprement, mettez-les dans une casserole et les mouillez d’un coulis clair de veau et de jambon, laissez mitonner ; quand ils sont mitonnés, liez-les d’un peu de coulis. Vous pouvez y mettre un peu de moutarde, si vous voulez ; servez-vous de ce ragoût pour toutes sortes d’entrées aux oignons.

Potage à l’oignon Vuillemot. — Prenez quatre oignons blancs, pelez-les, coupez la queue et la tête de l’oignon ; coupez en deux parties l’oignon, en rouelles ; séparez les filaments de l’oignon, faites fondre, bien chaud, du beurre dans une casserole, faites revenir vos filaments, que vous faites blondiner dans votre beurre ; singez légèrement de farine vos oignons et rissolez le tout ; mouillez au bouillon de haricots blancs, de consommé ou d’eau, à défaut des deux autres objets ; assaisonnez de sel et de poivre fin, faites partir votre potage sur le feu, en ayant soin que lorsqu’il blanchira vous n’ayez, sans le faire bouillir, qu’à verser le bouillon dans une soupière sur le pain destiné à cet effet, sur lequel doivent être couchées de petites lames de beurre. Râpez du fromage de Gruyère, et servez-le à part, dans une soucoupe, pour les amateurs.

Soupe à l’oignon à la Stanislas. — Dans un de ses voyages de Lunéville à Versailles, où il allait tous les ans visiter la reine sa fille, l’ex-roi de Pologne, Stanislas, s’arrêta dans une auberge de Châlons où on lui servit une soupe à l’oignon si délicate et si soignée, qu’il ne voulut pas continuer sa route sans avoir appris à en préparer une semblable.

Enveloppé de sa robe de chambre, Sa Majesté descendit à la cuisine et voulut absolument que le chef opérât sous ses yeux. Ni la fumée ni l’odeur de l’oignon, qui lui arrachait de grosses larmes, ne purent le distraire de son attention. Il observa tout, en prit note et ne rrmonta en voiture qu’après être certain de posséder l’art de faire une excellente soupe à l’oignon.