C’est juste, — et d’un bon fils.
Alors qu’elle saura que, loin d’elle puni,
Son fils sans la revoir est mort !
— As-tu fini ?
Non ;… un instant encore, encore une seconde !
Voyons, comptes-tu donc écrire à tout un monde ?
J’achève.
Es-tu prêt ?
Oui… mes gants et mon chapeau.
Les voilà.
Aux regards de la reine… Ainsi donc qu’il vous plaise…
Ne vois-tu pas le tien jeté sur cette chaise ?
Est-ce bien le mien ?
Oui, le voici. — Hâtons-nous.
Je sens trembler ma main et fléchir mes genoux.
Qui te retient encor ?
Cette agrafe indocile…
Attends.
Que voulez-vous ?
Je veux, pour t’épargner quelque nouveau retard,
Élargir cette agrafe à l’aide du poignard.
J’ai cru que de ma mort l’heure était avancée !
J’ai froid, et sur mon front une sueur glacée…
De retarder encore, aurais-tu le dessein ?
Oh ! quand j’ai vu le fer se lever sur mon sein,
Je ne crus plus vivant repasser cette porte.
Pour la dernière fois, faudra-t-il qu’on t’emporte ?
Adieu donc à la vie, à l’univers adieu ! —
Je ne pourrai jamais…
Protége-moi, mon Dieu !
Allons, messieurs, à moi !
Scène V.
Du secours !… — C’est la reine !
Vous n’êtes pas seule. Ah !…
Comte… je n’ai pas dit…
N’est-ce pas !… Meurtrier infâme, sois maudit !
Ah ! ne maudissez pas ! car, si près de la tombe.
La malédiction sur qui maudit retombe.
Comte, patientez encor quelques instants ;
Et lorsqu’il sortira, frappez ; il sera temps.
Remettez-nous les clefs, et laissez-nous.
Scène VI.
Je ne suis point coupable, et contre moi l’on trame
Quelque complot affreux ; je dois…
Marquis, lui-même a droit à se justifier ;
Le juge du coupable écoute la défense,
Avant que de la mort il signe la sentence.
Parlez… De quelques pas, mon père, éloignez-vous.
Puisse ce malheureux fléchir votre courroux,
Madame !
Dans tous les cas, mon frère, il sera fait justice ;
Reposez-vous sur moi… Nous voilà seuls, parlez,
Marquis.
De quel crime aujourd’hui j’ai mérité la peine.
Ah ! votre mémoire est à ce point incertaine :
Eh bien ! nous l’aiderons… Marquis, veuillez ouvrir
Cette lettre et lisez… Vous avez cru couvrir
D’un éternel secret votre crime peut-être ?
Insensé !… vous tremblez ?… Ouvrez donc cette lettre !
Vous êtes innocent… lisez !
Je suis perdu !
Vous le voyez, mon père, il est là confondu,