ront ta vue ; me promets-tu de les garder ?… Oui… Bonsoir… Ne travaille pas trop tard surtout.
Non, non, sois tranquille, une heure au plus.
Scène II.
Postillon ! postillon !…
Eh ?
Descendez et frappez à cette fenêtre où il y a de la lumière.
Oui, notre maître.
C’est ici.
Holà ! ho !
Qu’est-ce, mon brave ?
Monsieur, y a-t-il un médecin dans ce village ?
Oui.
Bon ?…
Je serais un juge partial, monsieur, c’est moi.
Et vous êtes le seul ?
Oui, monsieur.
Ayez la bonté de m’ouvrir la porte.
Je vais appeler.
Oh ! non, non, monsieur, n’appelez personne… ouvrez vous-même.
J’y vais… — (Il ouvre et recule.) Un homme masqué !…
Scène III.
Que me voulez-vous ?
Silence, et ne craignez rien.
Cependant, monsieur…
Docteur, votre état est-il de secourir ceux qui souffrent ?
C’est plus que mon état, c’est mon devoir.
Lorsque ces secours sont instants, lorsque tout retard amènerait la mort d’une créature de Dieu, croyez-vous avoir besoin, pour la sauver, de connaître son nom ou de voir son visage ?
Non, monsieur…
Eh bien ! il y a une personne là, dans cette voiture, une personne qui souffre, qui a besoin de vous, qui mourra si vous ne lui portez secours à l’instant même.
Mais ne puis-je savoir à qui…
Je vous le répète, monsieur, dix minutes vous restent à peine, et il me faudrait plus d’une heure pour vous donner des explications auxquelles, je vous jure, vous ne prendriez aucun intérêt, tant elles me sont personnelles.
Je suis prêt.
Une question encore, monsieur : si cette personne ne pouvait repartir aussitôt qu’elle aura reçu vos soins, consentiriez-vous, au nom de l’humanité, à la cacher chez vous à tous les yeux, moi vous jurant sur l’honneur qu’aucune cause politique ne nous force à nous entourer de ce mystère ?
Oui, monsieur, je le ferais.
Êtes-vous marié, docteur ?
Pourquoi cette question ?
Pour savoir si votre femme est aussi excellente femme que vous êtes brave homme.