ACTE DEUXIÈME.
Scène PREMIÈRE.
Attends-moi là, Pistol ; l’illustre Kean, l’honneur de Londres, le soleil de l’Angleterre, a fait relâcher hier pour se reposer, et je vais écouter à la porte de sa chambre pour savoir s’il est éveillé ou s’il dort encore.
Allez en douceur, monsieur Salomon, j’ai le temps d’attendre. Si je peux me présenter, soufflez-moi cela par le trou de la serrure, et alors je fais mon entrée en deux temps sans balancer.
Chut !… ce n’est pas sans peine que j’ai obtenu de lui qu’il rentrât sans passer par sa maudite taverne. Voilà enfin une nuit de repos, de tranquillité, de calme !… Elles sont rares… Il parait qu’il dort joliment. Ce paresseux de Newmann, qui n’a pas encore ouvert ici, à neuf heures du matin ! (Il va vers une fenêtre, ouvre les volets… Il fait grand jour ; on aperçoit la Tamise. Se retournant, et voyant le désordre.) Salomon, mon ami, tu n’es qu’un niais, et il t’a encore mis dedans… C’est la sixième fois depuis le commencement du mois, et nous sommes aujourd’hui le sept ! et avec qui encore fait-il de pareilles orgies ?… avec de misérables cabotins qui jouent le lion… la muraille… et le clair de lune dans le Songe d’une nuit d’été. Vraiment, si on les trouvait ici, j’en serais honteux pour l’illustre Kean… (Appelant.) Tom !
Eh bien !
Chut ! n’éveillez pas les autres… C’est qu’en venant, j’ai rencontré John Ritter… vous savez bien, le beau jeune premier ?
Oui, un fat.
Il venait de chez vous… et comme il ne vous avait pas trouvé, attendu que vous étiez ici, il m’a demandé si je savais où il pourrait vous rejoindre. Moi, à tout hasard, je l’ai envoyé chez la petite Betzy… Je sais que vous y allez quelquefois.
Oui, mais je n’aime pas qu’il y aille, lui.
Eh bien ! si vous voulez y être le premier, vous n’avez pas de temps à perdre.