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ACTE CINQUIÈME.

 


Un salon chez Kean.


Scène PREMIÈRE.

 

SALOMON, BARDOLPH, TOM, DAVID, DARIUS, PISTOL, puis le médecin.
SALOMON.

C’est cela, mes enfants, inscrivez-vous, voilà la liste.

BARDOLPH, après s’être inscrit.

Et quelle nuit a-t-il passée ?

SALOMON.

Terrible.

TOM.

Il est donc-réellement fou ?

SALOMON.

À lier.

DAVID.

Et dans ce moment-ci le médecin le saigne ?

SALOMON.

À blanc.

DARIUS.

À blanc !…

BARDOLPH.

Mais quel est son genre de folie ?

DARIUS.

Oui, voyons, quel est son genre de folie ?

SALOMON.

Folie frénétique.

DAVID.

Et que fait-il dans ses accès ?

SALOMON.

Il frappe.

DARIUS.

Sur quoi ?

SALOMON.

Sur tout, et de préférence sur ceux qu’il connaît.

DARIUS.

Comment ! il attaque son semblable !

SALOMON.

Ah ! mon Dieu ! oui.

DARIUS.

Il aura été mordu.

SALOMON.

J’en ai peur.

DARIUS.

xxEt il est enragé… « J’en ai coiffé un des enragés,
» un homme qui avait une position, quoi, il était
» membre des communes. Eh bien ! sa rage à lui
» c’était de faire des tragédies… ; on ne les jouait
» pas, eh bien ! c’est égal, il en faisait d’autres, on
» les refusait, il allait toujours.

SALOMON.

xxxx» Et mordait-il ?

DARIUS.

xxxx» Oui, oui, oui, mais il ne faisait pas de mal, il
» n’avait plus de dents ; on le laissait faire, pauvre
» cher homme ! ça l’amusait[1]. »

  1. La censure a retranché les mots marqués d’un guillemet, croyant y voir une application à un membre de la chambre des députés, M. Fulchiron.