C’est tout ?
Oui, tout.
Alors, c’est bien elle que j’ai rejointe et dépassée à deux lieues de ce village, en sortant de Vasselonne… Dans une demi-heure ou trois quarts d’heure elle sera ici ; c’est bon.
Monsieur repart-il ?
Non, je reste. Combien y a-t-il maintenant de chevaux de poste dans votre écurie ?
Quatre.
Et quand vous en manquez, est-il possible de s’en procurer dans ce village ?
Non, monsieur.
J’ai aperçu sous la remise, en entrant, une vieille berline est-elle à vous ?
Un voyageur nous a chargé de la vendre.
Combien ?
Mais…
Faites vite, je n’ai pas le temps.
Vingt Louis.
Les voilà ; rien n’y manque ?
Non.
Combien de chambres vacantes dans votre auberge ?
Deux au premier étage.
Celle-ci ?
Et celle-là.
Je les retiens.
Toutes deux ?
Oui. Si cependant un voyageur était obligé de rester ici cette nuit, vous me le diriez, et peut-être en céderais-je une.
Monsieur a-t-il autre chose à commander ?
Qu’on mette à l’instant même, vous entendez, à l’instant, les quatre chevaux à la berline que je viens d’acheter, et que le postillon soit prêt dans cinq minutes.
C’est tout ?
Oui, pour le moment ; d’ailleurs j’ai mon domestique, et si j’avais besoin de quelque chose, je vous ferais appeler.
Scène II.
Louis !
Monsieur ?
Tu me sers depuis dix ans ?
Oui, monsieur.
As-tu jamais eu à te plaindre de moi ?
Jamais.
Crois-tu que tu trouverais un meilleur maître ?
Non, monsieur.
Alors tu m’es dévoué, n’est-ce pas ?
Autant qu’on peut l’être.
Tu vas monter dans la berline qu’on attelle, et tu partiras pour Strasbourg.
Seul ?
Seul… Tu connais le colonel d’Hervey ?
Oui.
Tu prendras un habit bourgeois… tu te logeras en face de lui… tu te lieras avec ses domestiques…