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Page:Dumas - En Russie I, 1865.djvu/243

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blotant sur le fleuve, dt)ût elle rendit, mais seulement dans son étendue, le cours visible, nuançant d’une teinte de flamme les barques ou les navires qui le traversaient, et qui, une fois qu’ils Pavaient traversé, semblaient perdre, non le mouvement, mais la vie. Puis, lentement, majestueusement, fièrement, avec la sérénité d’une déesse, la lune alla se perdre derrière les coupoles de Smolnoï, qui se découpèrent en vigueur sur elle, pendant tout le teaips qu’elle mit à descendre de la croix qui couronne leur faite jusqu’aux abîmes de l’horizon.

Pouchkine, le grand poëte russe dont je vous ai déjà parlé, et dont je vous parlerai souvent encore, parce que, comme les grands poëtes nationaux, il a touché à toutes choses, a essayé de peindre ces belles nuits dans de beaux vers.

A notre tour, nous allons vous donner une idée des vers de Pouchkine ; mais noubliez pas qu’une traduction n’est jamais à l’original que ce que la clarté de la lune est à celle du soleil.


Oui je t’aime, cité, création de Pierre ;
J’aime le morne aspect de ta large rivière,
J’aime tes dômes d’or où l’oiseau fait son nid,
Et tes grilles d’airain et tes quais de granit.
Mais ce qu’avant tout j’aime, ô cité d’espérance,
C’est de tes blanches nuits la molle transparence,
Qui permet, quand revient le mois heureux des fleurs,
Que l’amant puisse lire à tes douces pâleurs
Le billet attardé, que, d’une main furtive,
Traça loin de sa mère une amante craintive.
Alors, sans qu’une lampe aux mouvantes clartés,
Dispute à mon esprit ses rêves enchantés,
Par toi seule guidé, poète au cœur de flamme,
Sur le papier brûlant je verse à flots mon âme.