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UN TERRIBLE AVEU.

cile à donner qu’une ordonnance, monsieur, et je vous avoue que j’en donne rarement. D’abord on ne demande en général de conseil que pour se corroborer soi-même dans la résolution qu’on a déjà prise ; ou si, indécis encore de ce que l’on fera, on suit le conseil donné, c’est pour avoir le droit de dire un jour au conseiller :

« C’est votre faute.

« — Il y a du vrai dans ce que vous dites là, docteur ; mais de même que je crois qu’un médecin n’a pas le droit de refuser une ordonnance, je ne crois pas qu’un homme ait le droit de refuser un conseil.

« — Vous avez raison, aussi je ne refuse pas de vous le donner ; seulement vous me ferez plaisir de ne pas le suivre.

« Je m’assis alors près de lui ; mais au lieu de me répondre il laissa tomber sa tête dans ses mains et demeura comme anéanti dans ses propres pensées.

« — Eh bien ? lui dis-je au bout d’un instant de silence.

« — Eh bien, répondit-il, ce que je vois de plus clair dans tout cela, c’est que je suis perdu.