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GABRIEL LAMBERT.

le sait, dans nos villages, l’époque des dévotions générales. Une jeune fille qui ne ferait pas ses pâques serait montrée au doigt par toutes ses compagnes.

« J’avais au fond du cœur des sentiments trop religieux pour m’approcher du confessionnal sans faire une révélation complète de ma faute, et cependant, chose étrange, je voyais approcher l’époque de cette révélation avec une certaine joie mêlée de crainte.

« C’est que notre curé était un de ces braves prêtres, d’autant plus indulgents pour les fautes des autres qu’ils n’ont point à leur faire expier leurs propres péchés.

« C’était un saint vieillard aux cheveux blancs, à la figure calme et souriante, dans lequel le faible, le malheureux ou le coupable sentent à la première vue qu’ils trouveront un appui.

« J’étais donc d’avance bien résolue à tout lui dire, et à me laisser guider par ses conseils.

« La veille du jour où toutes les jeunes filles devaient aller à confesse, je me présentai donc chez lui.

« Ce fut, je l’avoue, avec un terrible serre-