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SUITE DE LA CONFESSION.

temps de prononcer son nom, il piqua des deux et partit au galop.

« — Oh ! vous vous serez trompé, lui dis-je.

« — Je le crus comme toi, répondit-il ; mais le hasard fit que j’allai le soir à l’Opéra, au parterre bien entendu : moi, je suis un paysan, et le parterre est assez bon pour moi ; mais lui, comme c’est un grand seigneur, à ce qu’il paraît, il était aux premières loges, et dans une des plus belles encore, entre deux colonnes, causant, faisant le joli cœur avec des dames, et ayant à la boutonnière un camélia large comme la main.

« — Impossible, impossible, murmurai-je.

« — C’est pourtant comme cela ; mais moi aussi j’en doutais, et je voulus en avoir le cœur net. Dans l’entr’acte, je sortis et j’allai me poster près de la loge ; bientôt la porte s’ouvrit et notre fashionable passa près de moi.

« — Gabriel, dis-je à mi-voix.

« Il se retourna vivement et m’aperçut ; alors il devint rouge comme écarlate et s’élança dans l’escalier avec tant de rapidité qu’il pensa renverser un monsieur et une