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GABRIEL LAMBERT.

n’aviez pas le courage moral, monsieur.

« — Comment, docteur, vous osez me dire à moi, en face…

« — Je vous dis que vous n’avez que le courage sanguin, c’est-à-dire celui qui monte à la tête avec le sang. Je vous dis que vous n’avez aucune résolution ; et, la preuve, c’est qu’ayant eu dix fois l’envie de vous tuer, comme vous le dites, c’est qu’ayant sous la main des armes de toute espèce, vous m’avez demandé du poison.

« Il poussa un soupir, tomba dans un fauteuil et garda le silence.

— Mais, lui dis-je au bout d’un instant, ce n’est pas pour soutenir une thèse sur le courage physique ou moral, sanguin ou bilieux, que vous m’avez fait venir, n’est-ce pas ? c’est pour me parler d’elle ?

« — Oui, oui, vous avez raison, c’est pour vous parler d’elle. Vous l’avez vue, n’est-ce pas ?

« — Oui.

« — Eh bien ! qu’en dites-vous ?

« — Je dis que c’est un noble cœur, je dis que c’est une sainte jeune fille.

« — Oui, mais en attendant elle me perdra ;