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CATASTROPHE.

je m’étais couché à trois heures du matin.

« — C’est moi qui vous prie d’agréer mes excuses ; je vous ennuie, docteur, je vous fatigue, et avec vous la chose est d’autant plus terrible qu’on ne sait comment vous dédommager de vos peines ; mais vous voyez que je souffre réellement, n’est-ce pas ? et vous avez pitié de moi.

« Je le regardai.

« Il était en effet difficile de voir une figure plus bouleversée que la sienne : il me fit pitié.

« — Oui, vous souffrez, lui dis-je, et je comprends que pour vous la vie soit un supplice.

« — C’est-à-dire, voyez, docteur, c’est-à-dire qu’il n’y a pas une de ces armes, poignard ou pistolet, que je n’aie appuyée deux ou trois fois sur mon cœur ou sur mon front ! Mais que voulez-vous ?

« Il baissa la voix en ricanant :

« — Je suis un lâche ; j’ai peur de mourir. Croyez-vous cela ? vous, docteur, vous qui m’avez vu me battre ; croyez-vous que j’aie peur de mourir ?

« — Au premier abord, j’ai jugé que vous