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GABRIEL LAMBERT.

« Monsieur,


« J’ai vu hier les efforts que vous faisiez pour me reconnaître, et vous avez dû voir ceux que je faisait pour ne pas être reconnu.

« Vous comprenez qu’au milieu de toutes les humiliations auxquelles nous sommes en butte, une des plus grandes est de se trouver face à face, dégradés comme nous le sommes, avec un homme qu’on a rencontré dans le monde.

« Je me suis donc donné la fièvre pour m’épargner aujourd’hui cette humiliation.

« Maintenant, monsieur, s’il vous reste quelque pitié pour un malheureux qui, il le sait, n’a même plus droit à la pitié, n’exigez point que je rentre à votre service ; j’oserai même vous demander plus : ne faites aucune question sur moi. En échange de cette grâce, que je vous supplie à genoux de m’accorder, je vous donne ma parole d’honneur qu’avant que vous ne quittié Toulon je vous ferai connaître le nom sous lequel vous m’avez rencontré : avec ce nom, vous saurez de moi tout ce que vous désirez en savoir.