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LE MANUSCRIT.

— D’abord vous me flattez, j’en ai douze ou treize, si je ne me trompe ; mais que fait l’âge en pareille circonstance ? Je connais tel vieillard de soixante et dix ans qui est plus jeune que moi.

— Allons donc ! vous, docteur, vous avez de pareilles idées ?

— C’est justement parce que je suis docteur que je les ai.

Tenez, voulez-vous voir la maladie que j’ai ?… la voilà.

Il me conduisit devant un dessin parfaitement fait ; il représentait l’anatomie du cœur.

— J’ai fait faire ce dessin sur mes renseignements et pour mon usage particulier, continua-t-il, afin de juger matériellement, si je puis parler ainsi, ma situation. Vous le voyez, c’est un anévrisme ; un jour, ce tissu-là crèvera ; quand ? je n’en sais rien, peut-être aujourd’hui, peut-être dans vingt ans, mais ce qu’il y a de sûr, c’est qu’il crèvera ; alors en trois secondes ce sera fini.

Et un beau matin, en déjeunant, vous entendrez dire :

« — Tiens, ce pauvre Fabien, vous savez ?

« — Oui : eh bien ?