Page:Dumas - Georges, 1848.djvu/177

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guer avec lui par signes. Alors Miko-Miko avait tiré de sa poche la carte de Georges, sur laquelle, de sa main, Georges avait écrit les prix des différents objets que Miko-Miko avait pensé devoir tenter le cœur de Sara, et la donna à la jeune fille du côté où était gravé le nom.

Sara rougit malgré elle, et retourna vivement la carte. Il était évident que Georges, ne pouvant la voir, employait ce moyen de se rappeler à son souvenir. Elle acheta sans marchander tous les objets dont le prix était écrit de la main du jeune homme, puis, comme le marchand ne pensait pas à lui redemander cette carte, elle ne pensa point à la lui rendre.

En sortant de chez Sara, Miko-Miko avait été arrêté par Henri, qui de son côté l’avait emmené chez lui pour visiter toute sa pacotille. — Henri n’avait rien acheté pour le moment, mais il avait fait comprendre à Miko-Miko qu’étant sur le point d’épouser très prochainement sa cousine, il avait besoin des plus charmants brimborions que le marchand pourrait lui procurer.

Cette double visite chez la jeune fille et chez son cousin avait permis à Miko-Miko d’observer la maison en détail. Or, comme Miko-Miko, parmi les bosses qui ornaient son crâne nu, avait au plus haut degré celle de la mémoire de localité, il avait parfaitement retenu la distribution architecturale de la demeure de monsieur de Malmédie.

La maison avait trois entrées : l’une qui donnait, comme nous l’avons dit, par un pont traversant le ruisseau sur le jardin de la Compagnie, l’autre, du côté opposé, qui donnait, à l’aide d’une ruelle plantée d’arbres et formant retour, sur la rue du Gouvernement ; enfin la troisième qui donnait sur la rue de la Comédie, et qui était une entrée latérale.

En pénétrant dans la maison par sa porte principale, c’est-à-dire par le pont qui traversait le ruisseau et donnait sur le jardin de la Compagnie, on se trouvait dans une grande cour carrée, plantée de manguiers et de lilas de Chine, à travers l’ombrage et les fleurs desquels on apercevait en face de soi la demeure principale, dans laquelle on entrait par une porte parallèle à peu près à celle de la rue ; ainsi placé, on avait au premier plan à sa droite les cases des noirs et à la gauche les écuries. Au second plan à droite, un pavillon