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qui, par leur rapport avec la nouvelle qu’il apprend, lui font croire que le capitaine Duperré va être attaqué. Il presse donc lui-même son appareillage ; mais, quelque diligence qu’il fasse, il n’est prêt que le 22 au matin. Les trois frégates anglaises ont trois heures d’avance sur lui, et le vent qui se fixe au sud-est et qui fraîchit de moment en moment va augmenter encore les difficultés qu’il doit éprouver pour arriver à Grand-Port.

Le 21 au soir, le général Decaen monte à cheval, et à cinq heures du matin il arrive à Mahebourg, suivi des principaux colons et de ceux de leurs nègres sur lesquels ils croient pouvoir compter. Maîtres et esclaves sont armés de fusils ; et dans le cas où les Anglais tenteraient de débarquer, ils ont chacun cinquante coups à tirer. Une entrevue a lieu aussitôt entre lui et le capitaine Duperré.

À midi, la frégate anglaise le Syrius, qui est passée sous le vent de l’île, et qui par conséquent a éprouvé moins de difficulté sur sa route que les deux autres frégates, paraît à l’entrée de la passe, rallie le trois-mâts embossé près du fort, et que l’on a reconnu pour être la frégate la Néréide, capitaine Villougby, et toutes deux, comme si elles comptaient attaquer à elles seules la division française, s’avancent sur nous, faisant la même marche que nous avions faite ; mais en serrant de trop près le bas-fonds, le Syrius touche, et la journée s’écoule pour son équipage à se remettre à flot.

Pendant la nuit, le renfort de matelots envoyé par le capitaine Hamelin arrive, et est distribué sur les quatre bâtiments français, qui comptent ainsi l,400 hommes à peu près, et 142 bouches à feu. Mais comme aussitôt leur répartition, le capitaine Duperré a fait échouer la division, et que chaque vaisseau présente son travers, la moitié seulement des canons prendront part à la fête sanglante qui se prépare.

À deux heures de l’après-midi, les frégates la Magicienne et l’Iphigénie parurent à leur tour à l’entrée de la passe ; elles rallièrent le Syrius et la Néréide, et toutes quatre s’avancèrent contre nous. Deux se firent échouer, les deux autres s’amarrèrent sur leurs ancres, présentant un total de 1,700 hommes et de 200 canons.

Ce fut un moment solennel et terrible que celui pendant