— C’est bien ! dit Georges ; puis, se retournant vers Laïza : Attends-moi ici, dit-il, je reviens ; ma réponse sera probablement plus prompte que je ne l’espérais.
Georges sortit de la chambre où était Laïza et entra les bras ouverts dans celle où était le capitaine.
— Eh bien, frère, dit le capitaine, tu m’avais donc reconnu ?
— Oui, Jacques, et je suis heureux de t’embrasser, surtout en ce moment.
— Il ne s’en est pas fallu de beaucoup que tu n’eusses pas eu ce plaisir à ce voyage-ci.
— Comment ?…
— Je devrais être parti.
— Pourquoi ?
— Le gouverneur m’a l’air d’un vieux renard de mer.
— Dis un loup, dis un tigre de mer, Jacques ; le gouverneur est le fameux Commodore Williams Murrey, l’ancien capitaine du Leycester.
— Du Leycester ! j’aurais dû m’en douter ; alors nous avions un vieux compte à régler ensemble, et je comprends tout.
— Qu’est-il donc arrivé ?
— Il est arrivé que le gouverneur, après les courses, est venu gracieusement à moi, et m’a dit : Capitaine Van den Broëk, vous avez une bien belle goélette. Jusque-là, il n’y avait rien à dire, mais il ajouta : Est-ce que demain je pourrais avoir l’honneur de la visiter ?
— Il se doute de quelque chose.
— Oui, et moi qui comme un niais ne me doutais de rien, j’ai fait la roue et je l’ai invité à venir déjeuner à bord, ce qu’il a accepté.
— Eh bien ?
— Eh bien ! en revenant tout ordonner pour le susdit déjeuner, je me suis aperçu que de la montagne de la Découverte on faisait des signaux en mer. Alors j’ai commencé à comprendre que les signaux pourraient bien être faits en mon honneur. Je suis donc monté sur la montagne, et, ma lunette à la main, j’ai inspecté l’horizon ; en cinq minutes, j’ai été