Page:Dumas - Histoire d’un casse-noisette, 1844.djvu/105

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un prince grave et qui avait la réputation d’être maître de lui, il résista quelque temps au sentiment d’attraction qui le poussait vers la cuisine ; mais enfin, quel que fût son empire sur ses passions, il lui fallut céder au ravissement inexprimable qu’il éprouvait.

— Messieurs, s’écria-t-il en se levant, avec votre permission, je reviens dans un instant ; attendez-moi.

Et, à travers les chambres et les corridors, il prit la course vers la cuisine, serra la reine entre ses bras, remua le contenu du chaudron avec son sceptre d’or, y goûta du bout de la langue, et, l’esprit plus tranquille, il retourna au conseil et reprit, quoique un peu distrait, la question où il l’avait laissée.

Il avait quitté la cuisine juste au moment important où le lard, découpé par morceaux, allait être rôti sur des grils d’argent ; la reine, encouragée par ses éloges, se livrait à cette importante occupation, et les premières gouttes de graisse tombaient en