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Page:Dumas - Histoire d’un casse-noisette, 1844.djvu/106

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chantant sur les charbons, lorsqu’une petite voix chevrotante se fit entendre qui disait :

— Ma sœur, offre-moi donc une bribe de lard ;
Car, étant reine aussi, je veux faire ripaille :
Et, mangeant rarement quelque chose qui vaille,
De ce friand rôti je désire ma part.

La reine reconnut aussitôt la voix qui lui parlait ainsi : c’était celle de dame Souriçonne.

Dame Souriçonne habitait depuis de longues années le palais. Elle prétendait être alliée à la famille royale, et reine elle-même du royaume souriquois ; c’est pourquoi elle tenait, sous l’âtre de la cuisine, une cour fort considérable.

La reine était une bonne et fort douce femme qui, tout en se refusant à reconnaître tout haut dame Souriçonne comme reine et comme sœur, avait tout bas pour elle une foule d’égards et de complaisances qui lui avaient souvent fait reprocher par son mari, plus aristocrate qu’elle, la tendance qu’elle avait à