Page:Dumas - Histoire d’un casse-noisette, 1844.djvu/262

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étranger pauvre et souffrant, lui gazouiller ses petites chansons montagnardes pour égayer la longueur du chemin afin qu’il ne sentit ni la fatigue ni les douleurs ; et, lorsqu’ils arrivaient à quelque endroit bien tranquille, s’asseyant à l’ombre à ses côtés, le jeune paysan étalait le contenu de son bissac, et partageait gaiement ses provisions avec le voyageur.

À la fin, le chemin devint si facile et si directement tracé, que le complaisant conducteur de Carl se disposa à le quitter pour retourner chez lui ; mais, avant de le faire, il voulait absolument laisser à Carl le contenu de son havresac, de crainte que celui-ci ne souffrit de la faim. Carl ne voulut point y consentir ; car, que deviendrait ce faible enfant, s’il le privait de sa nourriture ? Tout en persistant dans son refus, il l’embrassa en le remerciant mille fois, et se mit à descendre la montagne. — Carl avait appris à penser aux autres.