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Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 1.djvu/17

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À l’entrée d’une salle circulaire vide, tendue de noir et éclairée par trois lampes aux reflets verdâtres, le fantôme s’était arrêté.

À dix pas de lui le voyageur s’arrêta à son tour.

— Ouvre les yeux, dit le fantôme.

— J’y vois, répondit l’inconnu.

Tirant alors avec un geste rapide et fier une épée à deux tranchants de son linceul, le fantôme frappa sur une colonne de bronze qui répondit au coup par un mugissement métallique.

Aussitôt et tout autour de la salle des dalles se soulevèrent et des fantômes sans nombre, pareils au premier, apparurent armés chacun d’une épée à double tranchant et prirent place sur des gradins de même forme que la salle où se reflétait particulièrement la lueur verdâtre des trois lampes et où ils semblaient, confondus avec la pierre par leur froideur et leur immobilité, des statues sur leurs piédestaux.

Chacune de ces statues humaines se détachait étrangement sur la draperie noire qui, comme nous l’avons dit, couvrait les murs.

Sept sièges étaient placés en avant du premier degré ; sur ces sièges étaient assis six fantômes qui paraissaient des chefs ; un de ces sièges était vide.

Celui qui était assis sur le siège du milieu se leva.

— Combien sommes-nous ici, mes frères ? demanda-t-il en se tournant du côté de l’assemblée.

— Trois cents, répondirent les fantômes d’une seule et même voix qui tonna dans la salle, puis presque aussitôt alla se briser sur la tenture funéraire des murailles.

— Trois cents, reprit le président, dont chacun représente dix mille associés ; trois cents épées qui valent trois millions de poignards.

Puis se retournant vers le voyageur.

— Que désires-tu ? lui demanda-t-il.

— Voir la lumière, répondit celui-ci.

— Les sentiers qui mènent à la montagne de feu sont âpres et durs ; ne crains-tu pas de t’y engager ?