Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 1.djvu/194

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Nous sommes aux ordres de Votre Altesse, répondit le baron.

— Adieu ! adieu ! dit la dauphine avec un sourire. En voiture, messieurs !… monsieur Philippe, à cheval !

Philippe baisa la main de son père, embrassa sa sœur et sauta en selle.

Un quart d’heure après, de toute cette cavalcade, tourbillonnant comme la nuée de la veille, il ne resta plus rien dans l’avenue de Taverney, sinon un jeune homme assis sur la borne de la porte, et qui, pâle et triste, suivait d’un œil avide les dernières traînées poudreuses que soulevaient au loin sur la route les pieds rapides des chevaux.

Ce jeune homme, c’était Gilbert.

Pendant ce temps, le baron, resté seul avec Andrée, n’avait pas encore pu retrouver la parole.

C’était un singulier spectacle que celui présenté par le salon de Taverney.

Andrée, les mains jointes, réfléchissait à cette foule d’événements étranges, inattendus, inouïs, qui venaient de passer tout à coup à travers de sa vie si calme, et croyait rêver.

Le baron épilait ses sourcils gris, du milieu desquels jaillissaient de longs poils recourbés, et déchiquetait son jabot.

Nicole, adossée à la porte, regardait ses maîtres.

La Brie, les bras pendants, la bouche ouverte, regardait Nicole.

Le baron se réveilla le premier.

— Scélérat ! cria-t-il à La Brie, tu restes là comme une statue, et ce gentilhomme, cet exempt de la maison du roi, attend dehors.

La Brie fit un bond de côté, s’accrocha la jambe gauche avec la jambe droite, et disparut en trébuchant. Un instant après il revint.

— Monsieur, dit-il, ce gentilhomme est là-bas.

— Que fait-il ?

— Il fait manger les pimprenelles à son cheval.

— Laisse-le faire. Et le carrosse ?

— Le carrosse est dans l’avenue.