— Tout attelé ?
— De quatre chevaux. Oh ! les belles bêtes, monsieur ! elles mangent les grenadiers du parterre.
— Les chevaux du roi ont le droit de manger ce qu’ils veulent. À propos, et le sorcier ?
— Le sorcier, monsieur, il a disparu.
— En laissant la table toute servie ! dit le baron, ce n’est pas croyable. Il reviendra, ou quelqu’un pour lui.
— Je ne crois pas, dit La Brie. Gilbert l’a vu partir avec son fourgon.
— Gilbert l’a vu partir avec son fourgon ? répéta le baron pensif.
— Oui, monsieur.
— Ce fainéant de Gilbert, il voit tout. Va faire la malle.
— Elle est faite, monsieur.
— Comment, elle est faite ?
— Oui ; dès que j’ai entendu l’ordre de madame la dauphine, je suis entré dans la chambre de M. le baron, et j’ai emballé ses habits et son linge.
— De quoi te mêles-tu, drôle !
— Dame ! monsieur, j’ai cru bien faire en prévenant vos désirs.
— Imbécile ! Allons, aide ma fille.
— Merci, mon père, j’ai Nicole.
Le baron se mit à réfléchir de nouveau.
— Mais, triple coquin, dit-il à La Brie, il y a une chose impossible !
— Laquelle, monsieur ?
— Et à quoi tu n’as pas pensé, car tu ne penses à rien.
— Dites, monsieur.
— C’est que Son Altesse royale soit partie sans laisser quelque chose à M. de Beausire ou que le sorcier ait disparu sans remettre un mot à Gilbert.
En ce moment on entendit comme un petit sifflement dans la cour.
— Monsieur, dit La Brie.
— Eh bien ?